L’hypnose humaniste

L’hypnose est un formidable outil pour découvrir notre monde intérieur et se (re)découvrir. En effet, elle se démarque par son approche accessible et orientée vers l’épanouissement personnel. En mettant l’accent sur la découverte de soi et la réalisation de son potentiel, elle offre une voie unique pour explorer les profondeurs de la conscience. Ainsi, elle permet d’accompagner les hommes et les femmes désireux d’évoluer, de dépasser des épisodes de vie complexes ou traumatiques, ou encore de développer leurs ressources pour atteindre un plus grand bien-être au quotidien.

C’est au cours de ma formation au sein de l’Ecole de l’Humain que j’ai étudié et pratiqué pour la première fois l’hypnose dite humaniste. Très rapidement, j’ai compris que la philosophie de ce courant correspondait pleinement mes aspirations de thérapeute. Au-delà de « l’outil-utile » au changement, le courant humaniste permet des thérapies adaptées et individualisées à chaque personne : respect, considération, écoute attentive, ouverture, accueil, bienveillance et empathie sont les principales valeurs véhiculées. Tout cela est venu nourrir ma curiosité d’apprentissage et a contrasté mes connaissances antérieures sur l’hypnose.

L’hypnose humaniste : Kézako ?!

L’hypnose humaniste est un courant spécifique dans la pratique de l’hypnose. Elle a été développée par le thérapeute Olivier Lockert (spécialiste en hypnose et neuro-linguistique) depuis une vingtaine d’années. Elle se concentre sur la compréhension et l’exploration de l’essence profonde de chaque individu.

 

On définit l’hypnose humaniste comme un état modifié de conscience (EMC) utilisant des techniques dîtes « inversées » en comparaison aux autres types d’hypnoses plus traditionnelles. Elle permet une accentuation du niveau de conscience de la personne contrairement aux autres courants qui ont tendance à « endormir » et à utiliser des techniques de dissociation.

 

En hypnose humaniste, on cherche à associer, aligner le patient avec lui-même. Cela donne lieu à une action directe sur différents plans : Inconscient, Conscient et sur la Conscience.

Les prises de conscience sont immédiates, concrètes et vérifiables par le patient.

 

Le thérapeute s’applique à « éveiller » son patient dès le début de l’entretien. Il se tient dans une posture d’accueil, sans a priori, permettant un accès direct et bienveillant à ce que le patient vient dire de lui. Une attention particulière aux mots et aux comportements du patient est portée pour comprendre son fonctionnement psychique mais aussi global. Cette approche encourage un environnement sécurisé, propice à l’ouverture et à la confiance.

 

Le thérapeute utilise le « langage du cœur » c’est-à-dire, sans se heurter aux dérives de l’intellect, de la logique et du rationnel. Le « langage du cœur », c’est se laisser surprendre par les ressentis qui surviennent au contact de l’autre, des émotions et s’exprimer avec spontanéité, simplicité et authenticité. Les sens et l’intuition sont des éléments porteurs d’information, essentiels pour s’inscrire dans une posture humaniste. A nouveau, cela vient s’opposer aux autres courants qui cherchent à suggérer, transmettre des messages directs ou indirects à l’inconscient, par un langage « d’influence », pouvant parfois s’apparenter à de la manipulation.

 

Le langage utilisé est également symbolique et métaphorique.

 

En hypnose humaniste, les inductions (ce qui permet d’accéder à un EMC) sont dites « en ouverture » car elles permettent au patient de se connecter à lui-même, de lui faire prendre conscience de ce qu’il ressent et vit à l’intérieur mais aussi au contact de l’extérieur et ainsi de l’éveiller à tout ce qui survient.

 

Au cours de la séance, le thérapeute guide, aide et ce avec une certaine pédagogie pendant que le patient s’attelle à l’exercice hypnotique en prenant « conscience » de ce qui bloque en lui et en agissant dessus directement.

 

L’action directe du patient contribue à maintenir son autonomie.

« C’est le client lui-même qui sait ce dont il souffre, dans quelle direction il faut chercher, ce que sont les
problèmes cruciaux et les expériences qui ont été profondément refoulées. [J’ai] à m’en remettre au
client pour la direction et le mouvement du processus thérapeutique » 

 

Carl R. Rogers

Les bases théoriques
La cartographie de l’esprit selon le courant humaniste

D’une manière générale, on définit « l’esprit » comme la totalité des phénomènes et des facultés mentales : perception, affectivité, intuition, pensée, jugement, morale, etc.. Pour autant, d’autres définitions existent, résultant des conceptions issues de la philosophie, des sciences, de la psychologie ou encore de la religion. Selon l’hypnose humaniste, on parle de Conscience majuscule car cela dépasse la notion même d’esprit. Elle est bien plus vaste et plus grande que ce que l’on peut connaître et reconnaître en nous.

La Conscience est un champ d’information à l’origine de tout ce qui existe, omniprésente, déterminant chaque moment de notre vie et nous permettant d’évoluer.

A l’inverse de l’entendement commun, ce n’est pas un terme que l’on emploie pour indiquer notre état de conscience, de perception du monde.

Dans le courant humaniste, la Conscience est à la fois notre essence profonde et le principe universel.

Encore une fois, il s’agit d’un champ d’information infini sur tous les possibles du monde. On dit qu’elle est «pure». C’est ce qui nous constitue et nous relie intrinsèquement aux autres : elle est individuelle ET collective. Comme une mémoire du monde et de l’Humanité, la Conscience est entendue comme un puit de sagesse, de connaissances et de ressources.

C’est elle qui est à l’origine de nos pensées et de nos actes. Active et créative, la Conscience nous rend réellement « vivants » et nous fait grandir. Son expression se fait subtilement à travers nous au détour des sensations, intuitions, coïncidences…

Nous pouvons dire que la Conscience représente notre « Moi » le plus juste et le plus holistique qui soit.

Sur un plan structurel, la Conscience s’articule en cinq strates étroitement liées :

 

 

 

 

 

 

1. Le corps

 

2. L’Inconscient

 

3. Le Conscient

 

4. La Matrice = l’Ame

 

5. La Conscience

Présentation des différentes strates sous-tendant la Conscience

 

  1. Le corps : notre enveloppe matérielle où la Conscience y est très dense
  2. L’Inconscient : nos automatismes – 3 sous strates

On définit l’Inconscient par «tout ce qui n’est pas (encore) conscient ».

En d’autres termes, cela implique tous les phénomènes du corps et de l’esprit qui se font de manière automatique.

En tant qu’humains, nous n’avons pas le contrôle dessus mais nous pouvons parfois les reconnaître si nous y prêtons attention.

Par exemple : la respiration, la régulation du rythme cardiaque, les clignements d’yeux, les pensées, les émotions…

On parle parfois également « d’Inconscient collectif » pour décrire le point d’origine de nos intuitions ou tout autres états ou manifestations n’ayant pas d’explications communes.

Strate 1 : corporelle > Dans un langage plus courant, on parle du cerveau reptilien pour décrire ce niveau. Ce-dernier s’active de façon instantanée face à des événements impliquant un danger. Il déclenche la peur et les comportements les plus instinctifs et primaires qui soient afin d’engager une action pour notre survie. Son rôle permet également la régulation et la coordination des fonctions biologiques.

 

Strate 2 : émotionnelle > Ce niveau est actif lorsque nos émotions se déclarent. Il permet la gestion de nos ressources, savoir-faire et les apprentissages émotionnels. Ici, l’analyse des émotions permet l’apparition de sentiments (affects construits) et de notre créativité et individualité (par ex : capacité à dire j’aime/j’aime pas – c’est beau/moche). On le situe au niveau du système limbique.

 

Strate 3 : intellectuelle > Cette dernière strate permet les autres apprentissages construits à travers notre expérience. C’est le siège de nos croyances. L’élaboration mentale est une capacité que nous avons pour raisonner, catégoriser, comprendre ou agir avec logique. On situe cette strate au niveau du néocortex et plus précisément dans le lobe préfrontal. Etant donné sa fonction permettant les « prises de conscience », ce niveau balance entre l’Inconscient et le Conscient. En hypnose humaniste, on appelle une partie de cette zone le « petit conscient » et c’est sur elle que nous venons travailler pour éveiller la personne à la Conscience.

3. Le Conscient : là où l’Inconscient et la Conscience se rejoignent

 

On appelle le Conscient le résultat de toutes nos perceptions : sensorielles, somatiques, psychiques… La réunion de tout cela permet au Conscient de créer notre réalité et notre monde. L’espace et le temps y sont considérés. Chacune de nos conduites et pensées y sont reliées.

Il est le lieu central où Inconscient et Conscience fusionnent : c’est le lien. Lien entre corps et esprit mais aussi entre ce qui n’est pas encore connu (Inconscient) et la multitude infinie et parfaite des informations sur le monde (Conscience).

C’est grâce à lui que nous sommes capables d’expérimenter dans le monde concret, d’évoluer, d’apprendre et de comprendre. En effet, à chaque « prise de conscience », le Conscient est perfectible : il s’enrichit des nouvelles connaissances pour nous faire grandir. En d’autres termes, le Conscient correspond au « Je » que l’on emploie et auquel on s’identifie.

En hypnose humaniste, il a une place importante car c’est par lui que tout repose : on soulage et nous nous transformons grâce à lui.

 

4. La Matrice = l’Ame : lieu intermédiaire entre la Conscience et le monde matériel

 

L’Ame contient tout un champ d’information densifiée qui permet d’incarner la matière. On l’appelle également la Matrice car elle agit comme un moule : elle est notre forme humaine ; « nous sommes une âme qui a un corps » et non l’inverse.

Les informations dont elle est constituée proviennent de la Conscience et de toutes les expériences que nous vivons (individuellement et collectivement).

Elles sont éternelles et font évoluer la matrice. En effet, chaque nouvelle information s’intègre au fur et à mesure au champ infini de la Conscience.

Ce champ forme des grands blocs d’informations cristallisées que l’on appelle « égrégores ». Ils représentent notre Inconscient collectif (par exemple : la culture, l’Histoire de l’humanité, les archétypes). Ils sont classés selon leurs similitudes et à l’intérieur de ces derniers, il y a les « Objets Informationnels » (OI). Les OI « flottent » dans la Matrice, certains nous sont propres car nous produisons sans cesse de l’information. Ils sont autonomes et régentent les fonctions décrites dans les strates de l’Inconscient (physiques, émotionnelles et mentales), les données familiales, sociales, culturelles…

Tout comme l’Inconscient, l’Ame possède un langage symbolique.

Nous interagissons toujours avec, sans nous en rendre compte. Cela façonne notre inconscient individuel, notre psyché et notre identité personnelle.

 

On parle de Soi Idéal pour évoquer le meilleur de « Soi » possible, notre identité profonde. On le définit comme parfait par essence et contenant nos ressources nécessaires à l’accomplissement de notre vie. Il se situe à la jonction entre l’Ame et la Conscience. Notre Soi Idéal fait partie de nous et nous permet d’avancer et de progresser.

Utilisation à visée thérapeutique

L’hypnose et ses effets thérapeutiques ont été étudiés dès le XVIIIe siècle. On retient l’année 1841 comme date historique de la naissance de l’hypnose thérapeutique, uniquement verbale, grâce au chirurgien James Braid. Au fil des siècles, l’hypnose a toujours fasciné et donné lieu à des pratiques parfois peu ou prou déontologiques. De nos jours, nous avons le recul nécessaire pour déterminer dans quels contextes l’hypnose peut être efficace. En voici quelques exemples ci-dessous :

 

  • Au niveau physique : gestion de la douleur, troubles dermatologiques, allergies, amélioration des performances sportives…
  • Au niveau du comportement : addictions (tabac, alcool, jeux, sexe…), gestion du poids, phobies…
  • Au niveau émotionnel : gestion des émotions, du stress, des angoisses, deuils…
  • Au niveau du développement personnel : prendre confiance en soi, avoir une meilleure estime de soi, préparation à un événement important (examen, entretien d’embauche, permis de conduire, présentation devant un public…)

Comme nous l’avons décrit précédemment, en hypnose humaniste on cherche à éveiller le patient et à le faire agir « en conscience ».

Chaque personne est unique et est constituée de son « package informationnel » issus de la Conscience, de l’Inconscient, du Conscient et des différents objets informationnels réunis dans la Matrice.

Le thérapeute s’intéresse au fonctionnement et aux croyances de son patient au cours de l’anamnèse. Son objectif demeure de le guider tout le long de la séance, en le laissant acteur de ses changements.

L’induction en ouverture permet au patient de capter d’autres informations ou perceptions, imperceptibles dans un état de conscience ordinaire. Parmi elles, de nombreux symboles peuvent apparaître : ils sont considérés comme l’expression de l’Inconscient. En venant travailler avec tous ces éléments, le patient va finalement transformer ses objets informationnels dans la Matrice pour la restructurer avec de nouvelles informations qu’il aura lui-même choisi.

Tout cela peut avoir lieu grâce aux différentes techniques à disposition du thérapeute. Parmi elles, les thérapies symboliques contribuant à « rendre réel » l’esprit du patient. On travaille alors avec la réalité concrète et le monde subtil.

  • La thérapie symbolique simple (TSS) est une thérapie brève utilisée :

o Soit lorsque le patient n’a pas besoin d’une prise de conscience particulière pour résoudre sa problématique. On parle de problématiques mécaniques. Il n’y a pas de troubles liés à l’attachement : on travaille sur une base saine. La structure du patient reste inchangée.

 

o Soit à l’inverse, pour permettre au patient de prendre conscience de sa problématique, de lui-même et de ses différentes facettes qui le constituent. Avec la TSS, les changements se font au niveau de l’Inconscient et de la Matrice. La compréhension des symboles n’est pas nécessaire.

 

  • La thérapie symbolique avancée (TSA) est une psychothérapie :

o Utilisée pour permettre au patient de restructurer en profondeur ses schémas inconscients et fondamentaux qui font de lui ce qu’il est. Ici, le thérapeute s’appuie sur l’analyse des archétypes.

Dans la philosophie de l’hypnose humaniste, on envisage que chaque changement concret ou subtil chez une personne vient également changer le reste de l’Humanité. En effet, l’accompagnement humaniste est centrée sur la personne mais avec un sens large car il sous-tend le reste des Hommes via notamment les transformations infinies qui se jouent dans la Matrice : si un individu transforme son monde, l’Humanité se transforme avec lui.

En thérapie humaniste, l’objectif est d’amener chaque personne vers une meilleure version de lui-même, de le guider vers son Soi-Idéal et ainsi par ricochet d’améliorer la condition humaine.

« La rencontre de deux personnalités est comme le contact entre deux substances chimiques ; s’il se produit une réaction, les deux en sont transformés »

Carl Gustav Jung