Stress, anxiété et angoisse : Quand la peur prend le dessus…

Méli-mélo des mots et des maux

Dans la vie de tous les jours, on emploie facilement les termes de « stress », « peur », « anxiété » et « angoisse » pour définir des états de mal-être rencontrés dans le cadre du travail, d’expériences nouvelles, au contact d’autres personnes…

Pourtant, en psychologie, on réalise une distinction assez claire sur ces termes. 

PEUR - STRESS

La peur est une émotion liée à des affects et qui survient en cas de détresse. La notion de stress y est souvent associée car ce-dernier correspond à la réaction physiologique du corps lorsqu’un flot émotionnel apparaît et qu’une perte de contrôle sur la situation ou un sentiment de danger l’accompagne. Ces réactions sont tout à fait saines pour les individus car elles lui permettent de réagir, de se protéger et donc de trouver des solutions face à une problématique rencontrée.

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Bien que toutes ces notions soient proches et presque similaires, on les distingue par leurs mécanismes et leurs caractéristiques qui ne sont pas uniquement des composantes physiologiques.

ANXIETE

L’anxiété est décrite comme l’anticipation d’une menace future. C’est-à-dire qu’une inquiétude apparaît au sein de l’esprit d’un individu avant même qu’un événement alarmant ne se produise. Elle peut s’accompagner de réactions physiques comme des tensions au niveau des muscles ou encore générer un état d’hypervigilance. Généralement, l’anxiété s’estompe rapidement au fil du temps. Cependant, il arrive que l’anxiété prenne une place très importante dans la vie quotidienne et vienne nuire aux activités de la personne qui en souffre : sur le plan pathologique, on classe ces troubles sous le terme général de troubles anxieux (qui se décline en diverses sous-catégories). 

ANGOISSE

Quant à l’angoisse,  celle-ci se définit par un épisode de peur soudaine et intense. Elle présente des facteurs communs avec l’anxiété (notamment l’anticipation d’un danger ou ses conséquences) mais ce qui la caractérise principalement c’est l’association systématique de réactions physiques avec des sensations désagréables d’oppression ou de constriction. Il n’est pas rare que l’élément déclencheur ne soit pas connu par l’individu. Les sensations physiques ainsi que les pensées souvent catastrophiques génèrent un sentiment de perte de contrôle à la fois sur la situation mais également sur la gestion de soi, du mal-être ressenti. En moyenne, une crise dure plus ou moins 30 minutes. Cependant, certaines des plus intenses peuvent parfois durer jusqu’à 1 heure.

Après une ou plusieurs crises d’angoisse, il n’est pas rare que la personne déclare des symptômes anxieux. En effet, elle va craindre qu’un nouvel épisode se produise. Les crises d’angoisse (également appelées attaques de panique) n’étant pas prévisibles, peuvent générer un trouble d’anxiété généralisée (TAG) où les inquiétudes seront nombreuses, intenses et présentes dans la plupart des contextes de vie. Des symptômes d’agoraphobie peuvent aussi apparaître. 

Symptomatologie

L'anxiété 2.0

Aujourd’hui, avec l’effervescence des réseaux sociaux, des troubles anxieux peuvent apparaître à la suite des comparaisons que l’on peut faire à partir de ce que l’on voit sur ces réseaux et la manière dont on se perçoit. Cela peut nuire à notre image et rendre plus fragile notre estime de soi.

Il est donc important de toujours garder à l’esprit que ce qui est exposé sur les différents réseaux sociaux représente, d’une manière générale, ce qu’une personne souhaite montrer d’elle et il s’agit bien souvent des meilleurs côtés de sa vie. En effet, il nous est plus facile de dévoiler ce qu’on aime de soi ou de notre environnement plutôt que les facettes ou événements à connotation négative. La société et les réseaux sociaux nous pousse à valoriser une certaine image du bonheur et de la confiance en soi en niant les aspects qu’elle juge négatif.

L’importance donnée à un grand nombre « d’amis » ou de « likes » est une réponse à ce que nous donnons à voir aux autres. Cela à tendance à nous rassurer car d’une certaines manière, cela vient valider que nous avons de la valeur, que nous goûts sont partagés…Cette tendance à aller chercher une validation extérieure vient faire obstacle à notre propre jugement intérieur, celui qui élabore nos sentiments d’estime de soi et de confiance en soi. 

Que l’on utilise ou non les réseaux sociaux, il est primordial de réussir à trouver en son fort intérieur les valeurs & compétences qui nous caractérisent le mieux, d’y adhérer pleinement. De cette manière, les critiques pouvant être faites à notre égard n’ont plus autant d’influence sur nous et cela favorise un maintien de l’équilibre mental. 

Comment soulager ces états de mal-être intense ?

Je dis souvent à mes patients que lorsqu’un sentiment d’anxiété ou une angoisse survient, il est important qu’ils prennent un temps pour se recentrer sur l’instant présent, ici et maintenant. En effet, comme nous l’avons vu au cours de cet article, l’anxiété et l’angoisse sont des troubles qui engagent de l’anticipation sur l’avenir. L’inconnu d’une situation est ce qui génère la peur. Le cerveau est en mesure d’exploiter tout son imaginaire pour développer des scénarii plus ou moins probables et/ou catastrophiques. Et par effet boule de neige, l’intensité des crises en découle.

Revenir se connecter à soi, à l’instant présent, va permettre de calmer ces vagues incessantes de pensées préoccupantes et de les centraliser sur les bases solides de ce que la personne connaît de sa situation actuelle. 

Quand il y a une sensation de perte de contrôle que ce soit de ses pensées, de ses réactions physiologiques ou même de la situation, réaliser un « scan corporel » et de l’environnement dans lequel nous sommes permet de se retrouver et de s’ancrer véritablement. En faisant cela, une certaine reprise du contrôle vient se faire. Elle vient adoucir la crise et distraire notre esprit.

Pour soulager ces états de mal-être ou même les prévenir, les techniques de pleine conscience comme la méditation, la sophrologie ou autres techniques de relaxation, cohérence cardiaque et de respiration sont souvent désignées en premier lieu.

  • Le scan corporel permet à une personne d’entrer en relation avec son propre corps et son esprit au travers des divers ressentis éprouvés. Pour ce faire, il est proposé de venir balayer chaque partie du corps, en commençant du bout des pieds puis en remontant jusqu’au sommet du crâne. Il suffit simplement d’identifier, de prendre conscience de ce que la partie du corps observée ressent : une pesanteur plus ou moins légère, une certaine température, des sensations agréables ou non, l’environnement autour (le sol, le matelas, une couverture, l’air, un bijou ou une montre…).La reconnexion peut également se faire avec l’environnement en observant comment nous le percevons avec nos sens. Il est alors proposé de prendre un temps pour percevoir ce que nous voyons autour de nous, ce que nous entendons, ce que nous sentons avec notre nez, ce que nous goûtons dans notre bouche et enfin ce que nous ressentons au toucher, au contact de notre corps.
  • La pratique d’une activité physique régulière : l’activité physique permet le lien entre le corps et l’esprit en libérant de nombreuses hormones. Il est conseillé de réaliser au minimum 30 minutes d’activité plus ou moins intense par jour pour un bon équilibre de sa santé. Une promenade en extérieure est déjà très bénéfique. Si l’état de santé le permet, l’effort physique peut être plus intense. Le plus important est de mettre le corps en mouvement.
  • Les remèdes naturels à base de plantes pourront être conseillés par des pharmaciens ou des naturopathes, selon la situation et les besoins de la personne. En effet, certaines plantes sont reconnues pour leurs effets sédatifs comme par exemple la camomille vraie, le houblon, le kava, la citronnelle, la passiflore, la scutellaire, la valériane, le millepertuis, les fleurs de Bach…

Si les crises viennent perturber fréquemment les activités quotidiennes  ou quand celles-ci deviennent trop intenses et difficiles à gérer, il est recommandé d’aller consulter un professionnel de santé. Un médecin pourra prescrire un traitement médicamenteux adapté s’il le juge nécessaire. A cela peut venir se complémenter un suivi psychothérapeutique où le thérapeute utilisera ses outils pour apprendre à comprendre le fonctionnement du patient et de son trouble (comme par exemple les : thérapie cognitivo-comportementale (et émotionnelle), thérapie de pleine conscience, thérapie d’acceptation et d’engagement, hypnose, sophrologie…